HORS-JEU ▹ Pseudo fichier binaire ou binary file, au choix. ▹ Prénom laura ▹ Où avez-vous connu le forum ? un petit chaton m'a dit de venir par ici parce que c'était beau, sympathique et rempli d'amour. ▹ Votre personnage est... Inventé. ▹ Présence Squattage h24. ▹ Êtes-vous prêt à être frappé par la roue du Destin? non. j'ai trop peur.

▹ 1 Tu venais d'avoir seize ans quand tu as sauté de ce pont à moitié pourri, en pleine forêt. Quand tu t'es jeté dans le vide. Quand tu as vidé tes poumons dans le cri et le rire. Non, tu ne voulais pas en finir avec la vie. Oh que non. Tu voulais juste tester tes limites et ta connerie. Pour faire enrager tes parents, ces pauvres imbéciles. Tu voulais te sentir vivant, sentir que tu étais quelque chose dans ce monde de superficialité, que tu avais ta place quelque part. C'était un soir, tu avais fait le mur comme bon nombre de fois. Tu avais rejoint tes potes. Vous aviez roulés toute la nuit. Finalement, tu t'étais retrouvé à moitié à poil, au-dessus d'une rivière, où la seule force de tes bras t'empêchait de tomber. Tu étais ivre comme un trou et tu puais le weed à plein nez. Tu étais heureux. Toi et tes potes, vous vous sentiez puissant. Et puis, tu as sauté. Tes potes t'ont suivi. Tu t'es explosé la cheville, mais tu en avais rien à foutre d'avoir mal. Tu avais juste compris que tu avais besoin de ça pour être quelqu'un. L'adrénaline. Vous êtes restés trop jours à faire les cons dans vos tentes miteuses, avec vos bières et vos délires. Quand tu es rentré ... Quand tu es rentré, tes parents allaient appeler les flics pour ta pseudo disparition. Tu as rigolé comme un con. Deux mois sans sortie. Deux mois de confessions. C'est comme ça qu'on t'a puni. C'est drôle. Drôle, oui, parce que c'est là que tu as arrêté de croire en dieu, pour croire en toi.

▹ 2 Tu avais dix-neuf ans quand tu as quitté les bancs de l'université de Columbia, quand tu as quitté ta vie et new-york. Tu avais dix-neuf ans quand tu l'as laissé, elle, sur le bord de la route. A contre coeur, mais nécessaire. Tu avais dix-neuf ans, quand tu as fui ta famille, ta propre soeur. Ton sang et ta force. Et tout ça pour quoi ? Pour vivre. Oui, pour vivre. Tu as refusé de te conformer, de te soumettre, d'être ce qu'on voulait que tu sois. Tu as refusé d'être un cliché, d'être une pâle copie de ton père et de ces fils de bourges que tu côtoyais le jour. Tu ne supportais plus cet état de fait, cette autorité parentale qui ne comprenait rien et qui cherchait des réponses là où il n'y avait que des vérités. Tu as essayé, aussi fort que tu l'as pu, mais tu n'as jamais été de ce monde-là. Alors, tu es parti. Tu as laissé une simple lettre pour Joandra où tu te répandais en excuse, où tu lui promettais de lui écrire toutes les semaines, où tu lui assurais que tu l'aimais. Tu es parti sans regarder en arrière, sans remords, sans peur. Tu es parti pour Clearwater et tu savais que la vie n'en serait que meilleure.

▹ 3 Et maintenant, tu as vingt-quatre ans. Tu vis ta vie, tu la savoures comme si quelqu’un, caché dans la pénombre, était prêt à te l’enlever : ta liberté. Ta sœur ne se résume qu’à des lettres aux parfums fleuris. Satyne, oui elle, ne se résume qu’à des remords silencieux, à une absence inavouée. Tes parents se résument au néant. Tu es devenu Solal, celui qui dessine sur la peau. Tu as rejeté ce prénom qu’on t’a attribué à la naissance : Osborn. Abjecte souvenir de ton ancienne vie. Ici personne ne sait qui tu es, d’où tu viens, pourquoi. Tu dévales la pente, tu pédales jusqu’à bout de souffle, tu zigzagues échappant de justesse à cette porte qu’un con vient d’ouvrir sur la rue. Tu grognes. Tu l’insultes. Tu cours après le danger, tu cours après tes limites, tu cours après le temps. Après des années de souffrance, de léthargie, tu es heureux, épanoui. Malgré celles que tu as laissées en chemin. Tu es amoureux de cette vie. Tes fins de mois sont difficiles. Tu bouffes souvent des boites de conserves. Tu baises chaque nuit, dans des lits différents. Mais tu l’aimes. Parce que c’est ton choix. Et que jamais personne ne viendra te reprocher d’avoir voulu être toi. Sauf elles. Oui sauf elles, qui comme des ombres du passé, viennent te hanter dans cette nouvelle vie que tu as dessiné. Ta liberté en péril.